FICHE PRATIQUES INNOVANTES : Autoproduire une partie de ses semences de couverts

L’utilisation de semences de fermes est autorisée pour 34 espèces dont plusieurs pouvant être utilisées en cultures intermédiaires. La liste des espèces concernées, définie par un réglement européen en 1994, a été élargie par un décret en 2014. Ces deux documents sont disponibles dans l’encart ci-contre.

Parmi les agriculteurs enquêtés, onze ont recours à la multiplication de semences de couverts pour limiter le coût de leurs mélanges en général complexe. La plupart des agriculteurs ne multiplient qu’une ou deux espèces et ont recours à l’achat pour les autres espèces du mélange.

Gain potentiel

L’intérêt économique est très variable d’une espèce à l’autre suivant son rendement grainier mais surtout sa dose de semis :

Les calculs ont été réalisés de la manière suivante :
1. Dans un premier temps, la totalité des charges opérationnelles appliquées à la culture sont additionnées.
2. La marge brute d’une culture « substitut » (qui serait implantée à la même étape de la rotation) est additionnée à ce cout de production (pour tenir compte de l’occupation du sol par les cultures en multiplication de semences et donc de la marge brute non réalisée avec une autre culture). Les cultures « substitut » sont le blé lorsqu’il s’agit d’une graminée et le colza lorsque c’est une espèce dicotylédone qui est multipliée. Les marges brutes soustraites tiennent compte du secteur et des pratiques de l’agriculteur (niveau de charge et rendement).
3. Lorsque l’espèce multipliée est éligible à la prime protéagineux, le montant de celle-ci est soustraite des charges.
4. La somme obtenue correspond alors au coût de production des semences à l’hectare. Ce montant est donc divisé par le rendement en kilo que l’agriculteur obtient pour l’espèce multipliée. Le résultat correspond au coût de semence par kilo.

La plupart des agriculteurs qui multiplient leurs semences de couvert ont recours au triage. Pour un coût limité (de l’ordre de 2 à 3 centimes par kilo de semences triées), ils obtiennent une semence propre. L’opération est parfois nécessaire pour retirer les morceaux de plantes qui pourraient obstruer le semoir ou les graines d’adventices potentiellement présentes dans la semence. Quelques agriculteurs enquêtés s’affranchissent parfois de cette étape lorsque la moissonneuse batteuse permet une séparation satisfaisante.

Choix de la parcelle

Concernant les parcelles choisies pour multiplier des semences, les agriculteurs rencontrés ont évoqué diverses règles de décision. Pour certains, le choix de parcelles séchantes type cranette étaient intéressants pour avoir une maturité rapide des semences. Pour d’autres, l’implantation de nouvelles cultures permet d’implanter des têtes d’assolement (légumineuses) dans les parcelles où il est compliqué pour eux d’implanter leurs têtes de rotations habituelles (petites parcelles, parcelles enclavées). Enfin, pour les multiplicateurs n’ayant pas de contraintes particulières, les cultures en multiplication sont implantées à côté des cultures ayant des itinéraires techniques proches afin d’en simplifier la conduite.

A gauche : lentilles et vesces / A droite : Orge de printemps et Avoine de printemps

Figure 1: A gauche : lentilles et vesces / A droite : Orge de printemps et Avoine de printemps

Pratique innovante : l’association de cultures

Parmi les agriculteurs enquêtés, trois d’entre eux avaient recours à des associations de culture pour produire une partie de la semence de leurs couverts.

💡 Association Colza - féverole

Dans l’Aube, un agriculteur associe son colza à des féveroles d’hiver. Le développement dans le colza est satisfaisant, et si le gel hivernal n’est pas trop important, les féveroles survivent dans le colza. Il a récolté des féveroles d’hiver 4 années sur 6 depuis qu’il réalise cette association pour un rendement de féverole avoisinant les 5 qx/ha. Il n’a pas observé d’impact négatif sur le rendement du colza. La technique nécessite un bon réglage de la moissonneuse pour perdre ni colza ni féverole. L’agriculteur est équipé d’un trieur pour séparer les deux récoltes.

💡 Association Féverole - vesce de printemps

Après une tentative de multiplication de vesces infructueuse (plaquées au sol suite à un orage), un agriculteur de la Somme a décidé de les associer avec des féveroles de printemps. Ces dernières servent de tuteur et leurs graines sont valorisées dans les couverts. Ces deux cultures ont des dates de maturité décalées. Pour avoir une maturité coordonnée des deux espèces, il sème les féveroles en premier puis les vesces 3 à 4 semaines après. L’itinéraire technique est le même pour les deux espèces. Il récolte les deux ensembles puis trie les graines. Compte tenu de la maturité tardive de ces espèces (août), l’agriculteur s’est constitué un stock et sème les graines autoproduites de l’année n-1 en juillet.

💡 Association Cameline - vesce de printemps

Hormis les dégâts de sitones pouvant être considérables, l’itinéraire technique pour produire des vesces est très simple. La difficulté principale réside dans la récolte avec une culture qui est souvent plaquée au sol. Pour y remédier, un agriculteur enquêté dans l’Aisne associe ses vesces avec de la caméline pour les maintenir jusqu’à la récolte. Lui aussi se constitue un stock pour pouvoir semer les vesces récoltées l’année précédente. Il obtient chaque année un rendement d’environ 25 qx/ha de vesces.

A vos claviers !