Des pratiques innovantes pour lever les freins à la pratique de couverts performants

CONTEXTE ET ENJEUX

Malgré un intérêt certain pour les cultures intermédiaires et des attentes parfois fortes en matière de services écosystémiques rendus, le diagnostic régional conduit en début de projet montre que bon nombre d’agriculteurs sont limités dans la pratique des couverts par des freins d’ordre :
- organisationnel : une impossibilité de semer précocement conduisant à des couverts peu développés et limitant le panel des espèces possibles (légumineuses, astéracées, graminées en C4)
- économique : des coûts importants (semences, carburant) au regard des bénéfices attendus
- technique : des craintes sur la capacité à détruire un couvert bien développé sans labour ni glyphosate

D’autres, à l’inverse, ont pu contourner ces contraintes en adaptant leurs pratiques afin de produire des couverts performants. Ainsi l’objectif de la traque conduite dans le projet est d’identifier, caractériser et évaluer des pratiques transférables répondant aux obstacles énoncés.

LES INNOVATIONS RENCONTREES

Des pratiques innovantes répondant aux trois enjeux de la traque ont été rencontrées :

Figure 1 : Les différentes catégories d’innovations rencontrées et les freins qu’elles permettent de contourner

Elles ont été caractérisées et évaluées afin d’identifier leurs facteurs clés de succès ainsi que leur capacité à répondre aux différents enjeux (organisationnel, économique et technique).

Les principales conclusions étayées de quelques références sont restituées aux travers des fiches suivantes :

🌱 Semis à la volée dans le précédent

🛠 Autoconstruction d’un semoir

🌻 🌿 Autoproduction de semences

🚜 Accès à du matériel performant

🐑 Destruction sans labour ni glyphosate

👥 Groupement d’achat de semences

👨‍🌾 Mise en pellet de graines

METHODE

La méthode a été décrite par Salembier et al. en 20161 puis adaptée aux besoins et particularités du sujet. Elle se décompose en plusieurs étapes toutes indispensables à une traque efficace.

En effet, plusieurs types d’écueuils peuvent se profiler : ne trouver aucune pratique innovante car les critères de sélection sont trop flous ou trop sévères, à l’inverse devoir trier dans une masse de contacts car la problématique n’est pas assez définie, multiplier les entretiens décevants …

1. Cadrage de la traque

Cette étape permet dans un premier temps de définir les objectifs de la traque, le cahier des charges des innovations recherchées ainsi que le critère de recherche de agriculteurs.

Que doit permettre l’innovation ? Quel est le contexte le plus favorable à l’émergence d’innovation ? (Pédoclimat, organisation et orientation des exploitations) Dans le cas des couverts, quelles sont les catégories d’agriculteurs les plus concernés par les freins évoqués ? Parmi les agriculteurs qui les composent, ceux qui parviennent à produire des couverts performants sont susceptibles d’avoir mis en place des pratiques innovantes.

2. Identification des têtes de réseau

Pour chacun des contextes/catégories identifié(e)s, il s’agit désormais d’identifier et de contacter les acteurs du conseil ou de la R&D qui leur sont associés (tête de réseaux). Ceux-ci, en s’appuyant sur le cahier des charges des innovations construit lors du cadrage, pourront identifier des pratiques et des agriculteurs répondant à la problématique.

A cette étape, il s’agit d’exposer le cahier des charges sans (trop) suggérer de pratique pouvant y répondre ou à titre d’exemple pour éviter l’autocensure. La qualité du cadrage, détermine le nombre et la pertinence des pratiques innovantes détectées.
Veiller à contacter un cercle de têtes de réseaux le plus large possible.

3. Contact téléphonique des agriculteurs

Les agriculteurs identifiés sont contactés dans un premier temps par téléphone pour vérifier que l’innovation est bien présente telle qu’elle a été décrite par la tête de réseau et qu’il est d’accord pour échanger sur ses pratiques. Par ailleurs, ce contact est l’occasion de collecter les premières données afin de décider de planifier ou non un second entretien.

4. Entretien semi-directif

L’objectif est de collecter des informations pour permettre l’analyse des pratiques de l’agriculteur en lien avec les objectifs de la traque :
- Les objectifs, déterminants et motivations de l’agriculteur
- La trajectoire de l’innovation : L’innovation a-t-elle toujours eu cette forme ? Quels choix techniques a-t-il expérimenté ? Pourquoi ? Quelles futures évolutions ?
- Les caractéristiques techniques de l’innovation : En quoi permet-elle de répondre aux objectifs de la traque ? Quelles caractéristiques permettent d’en quantifier l’intérêt ?
- Les règles d’utilisation, l’itinéraire technique : Quel est le domaine de validité de l’innovation ? Comment l’agriculteur l’utilise-t-il ? Qu’est-ce qui garantit son bon fonctionnement ?
- La satisfaction de l’agriculteur, les atouts et limites selon lui.

5. Analyse des pratiques

L’objectif est de caractériser et d’évaluer les pratiques de chaque agriculteur pour savoir si l’innovation permet de répondre aux enjeux de la traque. Par ailleurs, une analyse regroupant les innovations similaires permet d’apprécier la diversité des pratiques pour chacune d’entre elles et de discerner des caractéristiques communes ou des questions émergentes autour de ces innovations.

6. Valorisation

Les acquis de la traque peuvent être valorisés de manière directe en restituant les résultats de l’analyse sous forme de fiche ou de témoignage. Les pratiques innovantes peuvent également servir à alimenter d’autres dispositifs d’acquisition ou de création de références (expérimentations, ateliers de co-conception).

LOCALISATION

La carte suivante présente la répartition géographique des exploitations enquêtées ainsi que l’innovation ou les innovations présente(s).