FICHE PRATIQUES INNOVANTES : Autoconstruire son matériel de semis

Parmi tous les agriculteurs rencontrés, neuf ont mis en place des pratiques permettant d’accéder à du matériel spécifique (autoconstruction, partage, location, prestation) permettant une implantation rapide, précoce et satisfaisante des couverts.

Par ailleurs, dans ce cas le frein organisationnel est levé par des débits de chantier élevé et la réduction du nombre d’interventions pour implanter le couvert. Cette simplification de l’implantation permet également de réduire les charges de mécanisation et notamment de carburant. La réduction des coûts du matériel était également une motivation pour la plupart d’entre eux.

Dans ce groupe, quatre ont fait le choix d’autoconstruire un matériel permettant le semis des couverts.

CARACTERISTIQUES COMMUNES

Des couverts plus réguliers

L’ensemble des agriculteurs enquêtés constatent une nette amélioration des couverts produits notamment en terme de régularité. Ils expliquent le phénomène par une levée plus précoce du couvert et une meilleure conservation de l’eau par l’absence de travail du sol.

Une amélioration du point du vue économique et organisationnel

Performance économique et organisationnelle des semoirs autoconstruits par rapport aux pratiques initiales des agriculteurs

Figure 1: Performance économique et organisationnelle des semoirs autoconstruits par rapport aux pratiques initiales des agriculteurs

Le choix de ce mode d’implantation permet un gain de temps significatif pour l’ensemble des agriculteurs par rapport à leurs pratiques initiales allant de 12 à 87 minutes par hectare. Economiquement, les charges en carburant et en pièces d’usure1 diminuent également suivant l’intensité du travail du sol en interculture pratiqué par le passé.

Même si une fois en fonctionnement le semoir permet un gain de temps important, sa construction nécessite du temps (en moyenne un à deux mois en hiver) ainsi que l’outillage et les compétences requises.

QUELQUES EXEMPLES DE SEMOIRS AUTOCONSTRUITS

Les semoirs auto-construits sont issus d’une base de chisel et ont été modifiés pour s’adapter aux besoins de l’agriculteur tout en limitant l’investissement. Ce qui explique les différentes orientations techniques prises et le choix des socs en est un élément déterminant.

Comparaison

Le

Table 1: Principales caracteristiques des semoirs
Caracteristiques Semoir 1 Semoir 2 Semoir 3 Semoir 4
Largeur (m) 4 4 5 4
Socs Type scalpeur Plats (40mm) Fins de type AFC Fins de type AFC
Nombre de socs 19 23 29 23
Ecartement entre les rangs (cm) 21 17 17 17
Nombre de poutres 3 3 4 4
Degagement (cm) 63 52 69 70
Levage Porte Porte Porte Semi porte
Distribution Pneumatique Pneumatique Pneumatique Mecanique
Positionnement tremie Arriere Arriere Avant Arriere
Investissement Initial (Euros) 2350 3500 9500 7500
Cout implantation (Euros/ha) 14 14 17 10
Debit de chantier (ha/h) 3 3 3.5 3

Témoignages

💡 Semoir 1 : Socs scalpeurs

Contexte : Aube

Socs pattes d oie

Figure 2: Socs pattes d oie

👍 Atouts

  • Gestion des adventices notamment des vivaces
  • Polyvalence de l’outil : fonction déchaumage

👎 Limite

  • Peut nécessiter un déchaumage préalable si le sol est trop dur
  • Conservation de l’eau comparable à un déchaumage
  • Mélange terre/résidus
  • Favorise la levée de repousses
  • Terrage difficile en terre caillouteuse

L’agriculteur a monté un semoir “Accord” pneumatique sur une base de canadien IH de 4 mètres équipé d’un rouleau barre et de peignes. Il a insisté sur la difficulté de trouver une distribution pneumatique. Une prise de force hydraulique a dû être rajoutée car le cardan du semoir était trop compliqué à monter.
Le contrôle de la profondeur de semis se fait par le rouleau barre à l’arrière et les deux roues de jauges rajoutées à l’avant. Les inconvénients de ce semoir soulevés par l’agriculteur sont :
- sa largeur (4 m, gabarit large pour les déplacements)
- la capacité de sa trémie parfois limitante (500kg) pour limiter le poids de l’outil.

Semoir 1

Figure 3: Semoir 1

Semoir 1 - DPA

Figure 4: Semoir 1 - DPA

💡 Semoir 2 : Socs plats

Contexte : Aube

Socs plats 40 mm

Figure 5: Socs plats 40 mm

👍 Atouts

  • Polyvalence de l’outil : fonction déchaumage, incorporation d’engrais, semis de cultures principales

👎 Limite

  • Mélange terre/résidus
  • Favorise la levée de repousses
  • Terrage difficile en terre caillouteuse + usure prématurée
  • Pas de roue de jauge : contrôle difficile de la profondeur au relevage

A partir d’un chisel à queue de cochon élargi (3.30 m à 4 m), l’agriculteur a :

  • monté une trémie “Accord” (achat d’un semoir) entrainé par une prise de force hydraulique (manque de place pour un cardan)
  • ajouté des dents (11 au départ, 23 maintenant soit un écartement de 17cm)
  • ajouté un rouleau barre pour contrôler, avec le relevage du tracteur, la profondeur
  • changé les fers de 50mm à 40mm de large
  • mis des nouvelles descentes (assez longues pour apporter les semences derrière la dent

Pour perfectionner son outil, il prévoit l’ajout de peignes pour bien refermer le sillon et le remplacement du rouleau barre par un rouleau de type “Springflex”.



Semoir 2

Figure 6: Semoir 2




Semoir 2

Figure 7: Semoir 2

💡 Semoir 3 : Socs fin type “AFC” avec trémie frontale

Contexte : Aisne

Socs type AFC

Figure 8: Socs type AFC



👍 Atouts

  • Meilleure conservation de l’eau grâce à l’absence de travail du sol
    > “Le soc fin fait la réussite du semoir.”

  • Ne favorise pas la levée des repousses
  • Placement de la graine
  • Conserve la portance de la parcelle (🐑🐄🐏🐂)
  • Autonomie (1500 L)
  • Dégagement important

👎 Limite

  • Pas de gestion des adventices



Semoir 3

Figure 9: Semoir 3

Semoir 3

Figure 10: Semoir 3



L’agriculteur a réélargi son chisel de 4 mètres pour un meilleur débit de chantier. Pour avoir un meilleur dégagement, une poutre a été ajouté à l’arrière du chisel qui comprend actuellement 29 dents réparties sur 4 rangées. Il a monté dessus une colonne de distribution et des descentes derrière chaque dent. 4 roues de jauges ont été montées (2 à l’avant et 2 à l’arrière) pour un meilleur contrôle de la profondeur de semis. Le semoir comprend aujourd’hui 29 dents queue de cochon de 40mm, équipées chacune d’un soc fin de type « AFC ». L’écartement de semis est donc de 17cm. Le recouverement de la graine est assuré par des chainettes situées derrière chacune des dents. La trémie frontale, servant également au strip-till, permet de mieux répartir les masses et de charger plus de semences (1500L) que si elle était placée sur le semoir.

💡 Semoir 4 : Socs fin type “AFC” avec distribution mécanique

Contexte : Somme

Socs type AFC

Figure 11: Socs type AFC

👍 Atouts

  • Meilleure conservation de l’eau grâce à l’absence de travail du sol
  • Ne favorise pas la levée des repousses
  • Placement de la graine
  • Conserve la portance de la parcelle (🐑🐄🐏🐂)
  • Dégagement important

👎 Limite

  • Pas de gestion des adventices
Semoir 4

Figure 12: Semoir 4

L’agriculteur disposait d’un chisel 3 poutres en 4m sur lequel il a ajouté une poutre pour améliorer le dégagement et limiter le bourrage. Il a ensuite monté la distribution d’un semoir mécanique acheté accidenté (1500€). Par conséquent, le semoir devenant trop lourd pour être porté par le relevage du tracteur, un essieu d’enrouleur a alors été monté à l’arrière pour transformer l’outil en semi-porté.

L’écartement entre poutre est de 60cm. Le semoir comprend 30 dents queue de cochon, avec un écartement entre chacune de 17 à 22cm.

POUR ALLER PLUS LOIN

Les performances techniques de ce type de semoir ont pu être comparées à d’autres techniques d’implantation de couverts dans un essai conduit en 2018 à Hombleux pour plus d’informations consulter le dossier technique sur les techniques d’implantation.

A vos claviers !


  1. Calcul à partir du barème d’entraide suivant le parc matériel de l’agriculteur sans tenir compte des ammortissements