Le semis des cultures intermédiaires avant ou pendant la récolte permet de gagner du temps et de limiter le coût de leur implantation tout en maximisant leur durée de végétation et donc leur croissance. Ce document restitue une synthèse des expériences d’agriculteurs ayant adopté ces techniques d’implantation des couverts d’interculture
ATOUTS ET DESCRIPTION
Les motivations communes des agriculteurs pratiquant cette technique sont de réussir des couverts en anticipant leur implantation tout en gagnant du temps. Ces pratiques permettent de déplacer le chantier d’implantation des couverts à une période généralement moins chargée pour les agriculteurs. De plus, les charges de mécanisation pour ces techniques d’implantation ne nécessitant pas de travail du sol sont généralement très faibles du fait :
- De débit de chantiers très élevés
- D’une consommation horaire de carburant liée à l’outil faible à nulle selon les techniques
- D’une quasi-absence d’usure du matériel.
Le principe de ces techniques consiste à placer les graines sur le sol puis de les recouvrir avec les pailles de la céréale précédente. La graine bénéficie pour lever de l’humidité résiduelle du sol conservée soit par la culture soit par le mulch de paille.
Pour réaliser ce type de semis, trois pratiques distinctes ont été identifiées :
l’utilisation d’un semoir spécifique en capacité d’épandre les graines sur une largeur identique à celle du pulvérisateur
le montage de deux petits semoirs centrifuges sur les rampes du pulvérisateur
*le montage d’un semoir sur la coupe de la moissonneuse.
DES REGLES DE DECISION COMMUNES
- Restituer et broyer les pailles pour couvrir la graine, conserver l’humidité et ainsi favoriser sa germination.
- N’utiliser cette technique que dans des parcelles propres au moment de la récolte, et notamment en vivaces, pour éviter la multiplication des adventices et leur concurrence sur le couvert.
Adapter le choix de la technique au risque de rémanence des herbicides utilisés dans la culture suivante. La plupart des agriculteurs ont évoqué le risque lié aux désherbages de printemps.
>Ajouter tableau des risques de rémanence + renvoi au résultats réseau volée 2019Choisir les espèces assez peu exigeantes en humidité pour germer (radis, phacélie, sarrasin, moutarde, trèfle, vesces sont les espèces qui semblent les plus utilisées). Certaines espèces intéressantes dans les couverts sont, de fait, éliminées par les utilisateurs de la technique (tournesol, féverole, pois…). Il faut également veiller à bien choisir des variétés et espèces tardives à floraison, pour limiter le risque de production de graines par le couvert ou de devoir détruire le couvert précocement.
QUELQUES EXPERIENCES DE SEMIS AVANT OU PENDANT LA RECOLTE …
💡 Utilisation d’un semoir spécifique
Contexte : | Hauts de France, Bretagne (Projet Maxicouv’ CA22) |
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Objectif : | Pouvoir implanter un couvert précocement à moindre coût |
Mélange utilisé : | Phacélie (10 kg/ha) ou Radis (15 kg/ha) |
Recul : | 5 ans (Bretagne), 3 ans (Hauts de France) |
Contrainte : | Rareté du matériel, nécessité d’autoconstruction |
Investissement initial : | Mise à disposition gratuite |
Débit de chantier du matériel : | 6 ha/h |
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements) : | 1,50 €/ha |
Dans l’exemple breton, le semoir est gratuitement mis à disposition d’une CUMA par l’agence de l’eau locale. En Hauts de France, la technique étant en phase de développement, le semencier met en place des tests en champs chez des agriculteurs.
💡 Montage de deux épandeurs centrifuges sur les rampes du pulvérisateur
Contexte : | Aisne |
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Objectif : | Implantation précoce d’un couvert entre deux blés |
Mélange utilisé : | Vesce commune (7,5 kg/ha) + Radis fourrager (7,5 kg/ha) |
Recul : | 3 ans |
Contrainte : | La fréquence des rechargements. Les semoirs doivent être de faible capacité pour limiter le poids sur les rampes |
Investissement initial : | 200 € |
Débit de chantier du matériel : | 10 ha/h |
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements) : | 1,10 €/ha |
Un système de fixation simple permet en quelques minutes d’installer les épandeurs centrifuges. Le branchement des semoirs se fait sur le circuit électrique des phares. La commande de mise en fonctionnement se fait donc depuis la cabine.
💡 Semis associé à la récolte du précédent
Contexte : | Eure, Oise |
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Objectif : | Semis précoce et gain de temps |
Mélange utilisé : | Moutarde (5 kg/ha) + Phacélie (5 kg/ha) dans l’Oise ; Vesce commune (13 kg/ha) + Radis (3,5 kg/ha) + Phacélie (3 kg/ha) + Sarrasin (2 kg/ha) dans l’Eure |
Recul : | > 10 ans |
Contrainte : | Gestion des semences pendant la moisson (150 kg d’autonomie) |
Investissement initial : | 4 000 € |
Débit de chantier du matériel : | Le même que celui de la moissonneuse |
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements) : | 01 €/ha |
Le semoir pneumatique est entrainé par un cardan branché sur la seconde prise de force du convoyeur de la moissonneuse. La distribution proportionnelle à l’avancement au moyen d’une roue réduit le besoin de surveillance et de réglage de l’outil au cours du chantier de récolte. Le semoir comprend un réglage à cannelure. Des éclateurs placés au bout des tuyaux permettent de répartir les graines derrière la barre de coupe. Pour fixer le semoir, les deux systèmes rencontrés reprenaient le même principe : une assise métallique afin de fixer le semoir sur la coupe.
REUSSITE DE LA TECHNIQUE
La plupart des agriculteurs enquêtés cherchent à produire des couverts très développés. Dans leur contexte, cette technique a été choisie et conservée car elle conduisait la plupart du temps à des couverts plus développés qu’avec leurs pratiques antérieures. Ils expliquent ces résultats soit par l’allongement de la durée de végétation permise par un semis plus précoce soit par une levée plus rapide du couvert bénéficiant de l’humidité résiduelle du sol. Dans le cadre du projet « Multifonctionnalité des couverts d’interculture » des essais ont été mis en place afin d’identifier les espèces et les pratiques (date de semis, gestion des résidus) les plus adaptées au contexte régional (Voir Dossier technique : Synthese des essais semis à la volée )
Les agriculteurs enquêtés ont pu tester plusieurs espèces pour mettre au point leur technique :
POUR ALLER PLUS LOIN
En termes de semis dans le précédent, une autre pratique innovante a été identifiée : la mise en pellet de graines. Elle est pratiquée pour le moment à titre d’expérimentation chez plusieurs agriculteurs. Elle fait l’objet d’une fiche spécifique et d’essais dans le cadre du projet :
FICHE PRATIQUES INNOVANTES : Pelletiser des semences pour faciliter leur épandage
Pas d’usure, ni de consommation de carburant↩