DOSSIER TECHNIQUE: SYNTHESE DE DEUX ANNEES D'ESSAI SUR LA STRUCTURE DU SOL

L’amélioration de la structure du sol est un service plébiscité des agriculteurs et de leurs conseillers. Cependant peu de références sont réellement disponibles sur le sujet dans le contexte des Hauts de France, c’est pourquoi deux essais ont été mis en place en 2017 et 2018 afin d’évaluer si les couverts peuvent jouer un rôle dans la remédiation des tassements “profonds”.
Il est apparu au cours des essais que les couverts parviennent très rapidement (500°C après la levée) à traverser les zones tassées. Bien qu’étant plus nombreuses dans les passages préférentiels la majorité des racines explorent l’ensemble de l’horizon présentant des tassements. Toutefois l’enracinement couverts peut être impacté par la présence de tassement qui limitent l’exploration du bas du profil.
Les cultures intermédiaires parviennent à impacter l’état structural des zones tassées en créant de la fissuration dans les zones tassées. Ce mécanisme s’accompagne d’une redistribution de la porosité. La vitesse d’infiltration de l’eau et la perméabilité de l’air sont en tendance améliorées par la présence de couverts.

CONTEXTE

L’état structural du sol : un enjeu fort en région ?

Le contexte agricole des Hauts-de-France se caractérise quant à lui par la présence, plus ou moins récurrente selon les systèmes, de cultures comportant un risque pour la structure du sol (pomme de terre, betterave, légumes …) de par les conditions d’intervention ou le matériel utilisé. Ainsi le poids des machines et les conditions parfois humides d’intervention, peuvent engendrer des tassements dits profonds (25 – 35 cm). De plus, la tendance générale à la réduction de la profondeur de travail du sol tend à limiter les possibilités de remédiation mécanique de ces tassements. Dans ces situations, seuls les mécanismes biologiques peuvent agir afin de remédier aux problèmes de structure du sol en profondeur.

Impact des tassements sur les propriétés du sol

Sous l’effet du poids des engins et en conditions humides, le sol se comprime. Sa densité apparente augmente, le volume des pores diminue. Les pores de grande taille sont les plus impactés. La capacité de stockage de l’eau et l’aération du sol se trouvent diminués. De plus, la compaction modifie la continuité du réseau porale ce qui affecte la circulation de l’eau dans le sol. Pour ces raisons, les tassements peuvent impacter la croissance des plantes et, au final, le rendement.

Qu’attendre des cultures intermédiaires ?

L’amélioration des propriétés physiques du sol est un service souvent mis en avant par les agriculteurs et la profession agricole. Cependant peu de choses sont réellement démontrées et surtout pas dans le contexte pédoclimatique et agricole des Hauts de France.

Réponse des agriculteurs sur leur perception des services rendus par les couverts d'interculture - Source : Enquête en ligne 2015-2016

Figure 1: Réponse des agriculteurs sur leur perception des services rendus par les couverts d’interculture - Source : Enquête en ligne 2015-2016

En effet, beaucoup de références disponibles (voir fiche service « Effet des couverts sur la structure du sol »), nous proviennent d’études conduites sur le continent Américain dans des sols très différents (sols ferrugineux, sols tropicaux) et avec des pratiques culturales différentes (monoculture de céréales, système maïs – soja). De plus, les conditions d’interculture (humidité du sol, climat), la durée d’interculture et la nature des tassements (superficiels ou en profondeur) amènent à penser que l’effet des couverts sur la structure du sol pourrait être différent dans notre contexte.

Ainsi, dans le cas de parcelles tassées en profondeur, nous avons cherché à répondre aux questions suivantes :
1. Les couverts parviennent-ils à traverser les horizons tassés ?
De quoi est dépendante cette capacité à traverser les horizons profonds ? De l’espèce ? Du développement des couverts ? La sévérité des tassements influence-t-elle l’enracinement des couverts ?
2. Les racines utilisent-elles des passages préférentiels déjà existants (galeries de vers de terre, fissures) ? Cette propension à utiliser les voies préférentielles est-elle dépendante de l’espèce en couvert ? Des couverts jeunes (500°C.j) utilisent-ils plus ces passages que des couverts plus développés (1000°C.j) ?
3. Les couverts parviennent-ils à modifier le régime hydrique et donc influencer le retrait-gonflement des argiles ?
4. Quelles sont les propriété du sol affectées par la présence de cultures intermédiaires ?
a. L’état structural général. Les couverts diminuent-ils la proportion de zones tassées ?
b. La porosité du sol dans les zones tassées est-elle affectée par la présence de couverts ?
c. Les distributions (par classe de taille) des pores est-elle modifiée par la présence de couverts ? Les propriétés de rétention en eau sont-elles modifiées ?
d. La continuité du réseau poral et par conséquent la perméabilité du sol à l’air et à l’eau sont-ils également améliorés ?

DEUX ANNEES D’ESSAIS DANS L’OISE

Pour répondre à toutes ces questions, un essai a été conduit pendant plusieurs années pour comparer plusieurs couverts (Avoine et Radis fourrager à un témoin conduit en sol nu). En 2017, l’essai a été mené en bandes de grande taille. A partir de 2018, le dispositif expérimental est implanté en blocs randomisés. Avant d’implanter l’essai, il a été nécessaire de s’assurer, chaque année, que la parcelle qui l’accueillerait comportait un tassement avéré. Ainsi la parcelle a été recherchée à partir d’un type de système (forte proportion de cultures industrielles), de l’historique de la parcelle (interventions réalisées en mauvaises conditions). Le choix de la parcelle a été finalisé par la réalisation d’un mini profil 3D . Les essais conduits en 2017 et 2018 ont été implantés dans des parcelles en système avec labour occasionnel. Par ailleurs, ces parcelles ont toutes les deux vues remonter la profondeur du travail du sol au fil des années et se créer par conséquent un horizon appelé H6 situé entre la profondeur de travail du sol actuelle et le labour le plus profond jamais réalisé. Cet horizon est particulièrement sensible aux tassements car les labours profonds passés ont brisé la structure prismatique telle qu’on peut la trouver dans l’horizon pédologique. De plus étant situé sous le travail du sol actuel, il n’est jamais repris malgré qu’il soit tassé.

Dans chacun des essais, les observations ont été réalisées dans les mêmes passages de roues pour les différentes modalités. L’enracinement des cultures intermédiaires a été caractérisé à l’aide de profils racinaires. Des cartes racinaires sont dressées avec une maille de 2 cm de côté. Elles sont superposées aux profils culturaux décrivant quant à eux l’état structural du sol pour caractériser la relation entre l’enracinement des couverts et l’état structural.

Les profils racinaires consistent en des comptages de racines par maille de 2 cm de côté

Figure 2: Les profils racinaires consistent en des comptages de racines par maille de 2 cm de côté

Les indicateurs des propriétés physiques du sol ont été sélectionnés afin de permettre la comparaison des conclusions issues de ces essais aux références tout de même disponibles en bibliographie.

Propriété du sol Indicateur retenu
Porosité/Volume poral Densité apparente
Distribution des pores Humidités aux PF 2, 2.5, 3, 3.5, 4.2
Capacité de rétention en eau Humidités aux PF 2, 2.5, 3, 3.5, 4.2
Continuité des pores Perméabilité à l’air et à l’eau
Infiltration Perméabilité à l’eau (beer can)

1. Les racines des couverts traversent l’horizon tassé

L’étude des profils racinaires montrent que dès la mi-septembre, les racines des couverts traversent l’horizon H6 (en vert). A cette date c’est entre 66 et 78% en 2017 et entre 63 et 88% du profil qui sont colonisés par les racines du couvert. En novembre, l’intégralité de couvert, sur 80 cm, présente des racines du couvert.

2. Des couverts plus développés plus efficaces ?

La biomasse aérienne du couvert est un indicateur de la densité racinaire et du taux d’exploration du profil. Corrélé à la biomasse, le taux d’exploration du profil augmente avec l’âge du couvert.

3. La capacité à traverser l’horizon H6 semble liée à l’espèce

La figure précédente présente l’enracinement des cultures intermédiaires (nombre moyen de racines par case) en fonction de la profondeur. Contrairement à ce qui est couramment admis, l’avoine (système racinaire fasciculé) et le radis (pivotant) ont la même profondeur maximale d’enracinement. De plus, les courbes de densité racinaire en fonction de la profondeur des deux espèces présentent la même allure. Elles s’écartent néanmoins l’une de l’autre à une profondeur comprise entre 20 et 40 cm correspondant à l’horizon identifié comme tassé.

Comparaison de la densité racinaire par horizon du radis et de l'avoine

Figure 3: Comparaison de la densité racinaire par horizon du radis et de l’avoine

Les densités racinaires des deux espèces ont été comparées par horizon. Le radis fourrager, quelque soit la date ou l’année, produit significativement plus de racines dans l’horizon tassé que l’avoine.

Quelque soit l’espèce, on observe une réduction forte de la densité racinaire au passage de la zone tassée. Ainsi, bien que les racines des couverts puissent traverser voire coloniser les zones tassées, ces dernières limitent l’exploration du sol par les couverts.

4. L’état structural du sol explique le passage des racines dans l’horizon tassé (H6)

En comparant la réduction du nombre de racine (avant et après H6 tassé) et les observations faites sur l’état structural du H6, on observe qu’en 2017 la présence de bloc limite la traversée des racines alors que celle des fissures leur est plutôt favorable. Ainsi même si les couverts peuvent traverser les zones tassées celles-ci ont un impact sur leur enracinement.

Relation entre état structural et diminution de la densité racinaire au travers de l'horizon tassé

Figure 4: Relation entre état structural et diminution de la densité racinaire au travers de l’horizon tassé

Les couverts parviennent à traverser au delà des zones tassées du profil. Y parviennent-ils en utilisant des passages préférentiels préexistant (fissures, galeries de vers de terre) ? Ou à l’inverse se frayent-ils un chemin en créant de nouveaux passages ? Pour revenir à l’objectif d’amélioration de l’état structural du sol, on attend des couverts qu’ils créent de la porosité nouvelle en traversant par de nouveaux passages.

5. Les racines des couverts traversent-il les zones tassées en utilisant uniquement des passages préférentiels déjà existants ?

Distribution des racines du profil dans les différentes zones du profil - Observation mi septembre

Figure 5: Distribution des racines du profil dans les différentes zones du profil - Observation mi septembre

La figure précédente montre que les racines colonisent toutes les zones du H6 (blocs tassés, fissures galeries de vers de terre, zones sans tassement ni passage préférentiel) et cela dès la mi-septembre. Toutefois, on observe des densités plus importantes de racines dans les zones de galeries ou de fissures que le reste de l’horizon (> 3.5 racines par case en 2017 et > 4 par case en 2018). Les racines sont présentes en nombre légèrement plus faible dans les zones de bloc (1.82 et 1.61 pour 2017 et 2018 respectivement) par rapport aux zones sans tassement ni passage préférentiel (1.71 et 2.55 en 2017 et 2018 respectivement). Même si les racines des couverts colonisent de manière plus importante les passages référentiels (fissure, galeries), ces zones ne représentent qu’une faible part de l’horizon observé (11.4 % en 2017 et 40 % en 2018 pour le cumul des galeries, des fissures et des zones à proximité). Ainsi la majorité des racines (85 % en 2017 et 50 % en 2018) du colonisent l’horizon h6, sont présentent en dehors des passages préférentiels. En conclusion, même si les passages préférentiels concentrent une partie des racines, la majorité d’entre elles occupent le reste du profil.

De plus, les données collectées dans cet essai n’ont pas montré de propention à utiliser les passages préférentiels selon l’espèce en couvert ou selon l’âge du couverts (observation en septembre ou en novembre).

6. Les couverts agissent sur l’humidité du sol durant l’interculture

Pour les essais conduits en 2017 et 2018, l’horizon tassée (H6) se réhumecte au cours l’interculture. Au semis de la culture intermédiaire, pour les deux années, l’humidité est proche de l’humidité au point de flétrissement permanent. En novembre, le sol est significativement plus sec en profondeur (H6 : 25-35 cm) sous les modalités couvertes. Le couvert a consommé une partie de l’eau pour croître. Toutefois, juste après le semis lorsque leur développement est limité, les couverts semblent favoriser la conservation de l’eau, surtout en 2017, où le sol est plus sec sous la modalité sol nu jusqu’à la mi septembre. Leur consommation d’eau est plus faible que l’effet de la couverture du sol. Lorsque les couverts commencent à croître et consommer plus d’eau (septembre-octobre), ils provoquent un assèchement du sol en profondeur. Finalement dès le mois d’octobre, les précipitations exédentaires, provoquent le rechargement du sol quelque soit la modalité.

En conservant l’eau du sol puis en la consommant et enfin en permettant le rechargement en eau du sol, les couverts modifient le rythme d’humectation dessiccation du sol. Ces phénomènes sont connus dans les sols avec une teneur suffisante en argile pour favoriser la création de porosité par retrait-gonflement des argiles (Labreuche et al. 2013).

7. Les couverts agissent sur la structure du sol et ses propriétés

7.1. Les couverts améliorent l’état structural

L’état structural est évalué grâce à la méthode du profil cultural décrite par Manichon et Gautronneau en 1987 complétée par Boizard et al. en 2016 pour prendre en compte notamment l’effet de l’activité biologique du sol.

Exemple de profil cultural - Observation mi septembre 2017

Figure 6: Exemple de profil cultural - Observation mi septembre 2017

Les zones du profil sont décrites selon :

  • L’état interne des mottes
    • Les mottes delta présentent un aspect continu sans porosité visible à l’oeil nu. Elles témoignent d’un tassement passé.
    • Les mottes phi ressemblent aux mottes delta mais présentent des plans de fissuration.
    • Les mottes gamma ont une structure interne grumeleuse dans laquelle les agrégats se dissocient bien les uns des autres et la porosité est visible à l’oeil nu. Il s’agit de l’état “souhaitable”.
  • Le mode d’assemblage
    • massif si une seule motte est observée
    • fragmentaire si plusieurs mottes se distinguent tout en étant plus ou moins soudé
  • L’activité biologique du sol
    • b0 : aucun marqueur biologique
    • b1 : présence de macropores tubulaires (issues des vers de terre ou des racines)
    • b2 : présence d’indice de vie biologiques (turricules de vers de terre)
Présentation des différents types de mottes

Figure 7: Présentation des différents types de mottes

Des profils culturaux ont été réalisés, pour les deux années d’expérimentation aux deux dates d’observations (mi-septembre et mi-novembre). Il est donc possible d’appréhender l’évolution de l’état structural au cours de l’interculture en comparant les deux dates D1 (mi-septembre) et D2 (mi-du semis à la volée novembre) mais aussi d’évaluer l’effet des couverts d’interculture (Couverts vs Sol nu).

Proportion des types de mottes par couvert et par date d'observation pour l'horizon H6

Figure 8: Proportion des types de mottes par couvert et par date d’observation pour l’horizon H6

La proportion de chaque type de mottes varie entre les deux dates d’observations pour une même modalité et tend à devenir moins tassé quelque soit la modalité. En effet pour les deux années, la proportion de mottes delta diminue au profit des mottes phi et gamma. On observe également cette tendance pour la modalité sol nu en 2018 même si l’évolution est plus forte sous les modalités couvertes. En 2017, les mottes créées entre les deux dates d’observation sont principalement de catégorie phi (tassé mais fissuré). Dans cet essai c’est uniquement à la deuxième date d’observation que les couverts semblent avoir un effet sur l’état structural du H6.

En 2018 alors que les profils présentent généralement des H6 moins tassés qu’en 2017 (proportion de delta plus faible), on assiste à la fois création de mottes phi et gamma. L’effet des couverts semble moins fort qu’en 2017 même si c’est pour ces modalités que l’évolution entre les deux dates est la plus forte.

Proportion des types de mottes par couvert et par date d'observation pour l'horizon H5

Figure 9: Proportion des types de mottes par couvert et par date d’observation pour l’horizon H5

Bien que dans les contextes des essais (système avec labour occasionnel) la structure de l’horizon H5 (10 -25 cm) sera altérée par le travail du sol, l’état structural a également été évalué sur cet horizon. En 2017, on constate un effet des couverts sur la proportion de zones delta dès la première date d’observation en comparaison à la modalité sol nu (D2). En 2018, l’effet des couverts n’est visible qu’à la deuxième date d’observation. En conclusion, les couverts semblent avoir un impact sur l’état structural du sol en diminuant la proportion de zones delta au profit de zones phi et gamma suivant l’état structural initial.

7.2. Les couverts n’améliorent pas la porosité totale

Porosité totale de l'horizon H6 par modalité

Figure 10: Porosité totale de l’horizon H6 par modalité

Les couverts n’ont pas montré d’effet sur la porosité totale du sol quelque soit l’essai. Les changements, d’état structural abordés précédemment n’ont donc pas généré de porosité supplémentaire au niveau du H6. L’analyse des courbes de rétention en eau des échantillons de terre prélevés a toutefois permis de mettre en évidence des différences de taille des pores selon les modalités. Ainsi les couverts n’ont pas d’effet sur la porosité totale mais provoquent une redistribution de la porosité du sol. Bruand et al. 1996 fournissent l’explication suivante. Quand la racine d’une plante croît dans le sol, elle déforme le sol à son voisinage si bien que le volume occupé par la racine est pris sur celui des pores situés à proximité.

Proportion des types de mottes par couvert et par date d'observation pour l'horizon H5

Figure 11: Proportion des types de mottes par couvert et par date d’observation pour l’horizon H5

Bien que dans les contextes des essais (système avec labour occasionnel) la structure de l’horizon H5 (10 -25 cm) sera altérée par le travail du sol, l’état structural a également été évalué sur cet horizon. En 2017, on constate un effet des couverts sur la proportion de zones delta dès la première date d’observation en comparaison à la modalité sol nu (D2). En 2018, l’effet des couverts n’est visible qu’à la deuxième date d’observation. En conclusion, les couverts semblent avoir un impact sur l’état structural du sol en diminuant la proportion de zones delta au profit de zones phi et gamma suivant l’état structural initial.

7.3. Les couverts améliorent en tendance l’infiltration de l’eau

Dispositif de mesure de la vitesse d'infiltration de l'eau à saturation - test Beer can

Figure 12: Dispositif de mesure de la vitesse d’infiltration de l’eau à saturation - test Beer can

Une des propriétés du sol et de sa porosité est de permettre la circulation des fluides (eau et air) nécessaire au bon fonctionnement des racines et à la croissance des plantes. Dans ces essais, cette propriété a été mesurée à l’aide du test Beer can. Il consite à apporter successivement des volumes d’eau constants sur une surface délimitée par un cylindre et d’en mesurer les temps nécessaires à l’infiltration. L’application d’un volume d’eau s’effectue lorsque l’eau du précédent volume d’eau s’est totalement infiltrée. L’opération est renouvelée jusqu’à la stabilisation du temps d’infiltration (trois valeurs successives égales).

Exemple de définition de la vitesse d'infiltration à saturation pour une fosse pédologique - 3 mesures par fosses

Figure 13: Exemple de définition de la vitesse d’infiltration à saturation pour une fosse pédologique - 3 mesures par fosses

Les premiers volumes d’eau s’infiltrent relativement vite car l’horizon H6 pouvait être plus moins sec selon les modalités. Les premiers volumes d’eau permettent de réhumecter le sol jusqu’à saturation pour toutes les modalités. La vitesse d’infiltration est donc déterminée lorsque la porosité pleine d’eau. C’est pourquoi on parle de vitesse d’infiltration à saturation.

Vitesse d'infiltration de l'eau à saturation au travers de l'horizon H6

Figure 14: Vitesse d’infiltration de l’eau à saturation au travers de l’horizon H6

Les vitesses d’infiltrations moyennes varient significativement d’un essai à l’autre et est meilleure en 2018. Pour les deux années, les vitesses d’infiltration sont supérieures en tendances sous les modalités couvertes (entre + 27 % et + 72 % selon les années et les modalités). Cependant le test “Beer can” est une mesure relativement imprécise de la vitesse d’infiltration de l’eau. En effet la variabilité des résultats nous empêche de formuler une conclusion définitive.

7.4. Les couverts ont peu d’effet sur la perméabilité à l’air

Perméamètre

Figure 15: Perméamètre

La perméabilité à l’air est un indicateur qui permet d’évaluer la continuité de la porosité du sol et la facilité de circulation de l’air, l’autre fluide présent dans le sol tout aussi nécessaire que l’eau. Sa mesure est réalisée au laboratoire sur des échantillons de terre prélevés dans le H6 à l’aide de cylindre. Les échantillons sont tous préalablement maintenus à la même humidité (pF 3) afin de réaliser les mesures des différents échantillons dans les mêmes conditions. Dans la situation de l’étude, le perméamètre a été utilisé pour identifier le débit d’air qui traverse l’échantillon de sol lorsque celui-ci est soumis à une surpression de 500 pascals.

Vitesse d'infiltration de l'eau à saturation au travers de l'horizon H6

Figure 16: Vitesse d’infiltration de l’eau à saturation au travers de l’horizon H6

On observe peu de différence entre les modalités pour cet indicateur même si la présence de couverts entraîne des débits moyens supérieurs en tendance. Comme pour la vitesse d’infiltration de l’eau à saturation, le manque de précision de la mesure nous empêche de conclure si un effet des couverts. Contraire à la mesure précédente, les valeurs de perméabilité à l’air sont relativement homogènes entre les essais.

CE QU’IL FAUT RETENIR

  • Les couverts parviennent à traverser les zones tassées.
  • Ils utilisent la porosité existante mais colonisent également l’ensemble de l’horizon tassé.
  • La plupart des racines sont situées en dehors des passages préférentiels.
  • Les tassements limitent l’enracinement des couverts.
  • Les couverts contribuent à améliorer l’état structural du sol dès la première date d’observation (mi-septembre) pour l’horizon labouré et dès la mi-novembre pour l’horizon H6.
  • La porosité totale n’est pas améliorée par la présence de couverts.
  • La vitesse d’infiltration à l’eau et la perméabilité à l’air sont améliorées en tendance uniquement.

A vos claviers !